L'IA inquiète et divise, même au sein d'une industrie technologique comme le jeu vidéo. Ce créateur qui a contribué à l'un des meilleurs jeux de ces dernières années prend la parole.
Les mutations sont perpétuelles dans le domaine des technologies, laissant ces derniers temps une place grandissante à l'intelligence artificielle. Cependant, tous les acteurs du milieu ne sont pas favorables à ses transformations. Un vétéran du milieu du jeu vidéo, respecté pour avoir façonné des titres de légende, livre une analyse nuancée mais sans concession sur l'IA.
Un créateur légendaire pointe les limites de l'IA
Konrad Tomaszkiewicz s'est forgé sa réputation en travaillant notamment sur The Witcher 3 et Cyberpunk 2077. Cet ancien de CD Projekt, aujourd'hui parti pour de nouvelles aventures au sein du studio Rebel Wolves, compte ainsi à son palmarès certains des jeux les plus appréciés des 10 dernières années. Cela dit, c'est en 2004 qu'il commence sa carrière dans les bureaux du studio polonais. C'est donc fort d'une longue expérience qu'il partage son opinion sur l'IA dans une interview donnée à Eurogamer.
Tomaszkiewicz ne cache pas un certain intérêt pour l'IA. Il lui reconnaît des bénéfices dans le secteur du jeu vidéo. Par exemple, ce peut être un outil très pratique, qu'il a pu utiliser avec ses équipes pour « les voix [...] avant les enregistrements » à l'occasion des périodes d'expérimentation. C'est une façon de se rendre compte de l'effet des dialogues avant de rentrer dans le concret avec les comédiens.
Mais le game director de The Witcher 3 se veut très clair. Pour lui, « l'IA devrait aider les gens et non les remplacer ». À ses yeux, elle ne pourrait pas reproduire la sensibilité narrative et tout bonnement créative de l'être humain. « Je ne crois pas que des jeux vidéo créés par IA puissent avoir une âme », explique-t-il. Il donne même un exemple pour étayer son propos, déclarant que Dispatch, sorti en octobre dernier, est son « jeu de l'année ». Or, il est convaincu que l'intelligence artificielle « ne pourrait pas produire quelque chose dans ce genre ».
Travaillant actuellement sur le premier jeu de Rebel Wolves, Blood of Dawnwalker, Konrad Tomaszkiewicz ne repoussera pas complètement l'usage de l'IA. Toutefois, ces déclarations sont relativement claires sur les positions du co-fondateur du studio. Si les équipes sont amenées à s'appuyer sur de telles technologies, ce sera uniquement dans le but d'aider au développement. Par conséquent, elles ne viendront pas se substituer au savoir-faire et à la créativité humaine.

Source : Eurogamer.